DE L’AUTRE COTE DU MIROIR….

La scoperta della grotta Su Palu raccontata dal suo scopritore, Claude Planquette.
A breve verrà pubblicata la traduzione in italiano.

DE L’AUTRE COTE DU MIROIR…

Nos amis Rimbaud et Bernoville nous l’avaient bien dit, allez en Sardaigne, c’est magnifique, il y a des grottes grandioses et des canyons à explorer et particulièrement «CODULA DI LUNA». Nous avons commencés à rêver en écoutant leur récit... et s’il y avait bien encore de belles découvertes, et de belles rencontres. Nos amis nous avaient également donné l’envie de connaître un club spéléo, le GGN à Nuoro.

On peut toujours rêver, mais de là à imaginer la suite, à mettre des images sur nos fantasmes et à imaginer  la richesse de nos futures rencontres…

 

Claude Planquette. Foto Nonò Bernouville

Nous voilà donc arrivés à Porto Torres en août '79 et le géologue que je suis s’impatiente sur la route qui nous emmène vers Nuoro et la zone du Codula, du Granit du Granit et encore du Granit… ça va être dur… mais enfin une grande barre blanche apparaît, Dorgali, la montée au col, et là, la beauté des paysages calcaires s’impose et le spéléo s impatiente.

Ce mois d’août nous l’avons passé dans le Codula, « hébergés à Teletotes »  seuls occupants (avec Salvatore, mais c’est une autre histoire). Notre présence  n’avait pas échappé aux habitants d’Urzulei qui nous ont acceptés avec beaucoup de bienveillance.

Nous avons visité tout ce qui était évident, dans le lit du torrent dont l’eau disparaissait vite à peu de distance du camp et sur les flancs du canyon. Comme un pendule nous allions d’une paroi à l’autre du lit au plateau, de Teletotes à la Mer. Pas de grotte cachée inexplorée, des entrées dans le lit du torrent, mais déjà connues. Dans l’une d’elles  nous trouvons une lampe de flash en bas du premier puits et renonçons. Nous cherchions « l’Inconnue ». Ouah !!!! C’était la future Su spiria!!! Nous aurions pu nous y intéresser d’avantage et cesser de chercher la grotte espérée.

Il en a été autrement et nous continuons donc à chercher la « nouvelle grotte ».

Ce mois d’août a été aussi la rencontre avec le GGN. Moi qui venais d’un club tout jeune que j’avais contribué à créer à la faculté des sciences de Paris VI, le GRESPA, je suis très impressionné dès la première rencontre au Grupo à Nuoro. Un grand club Spéléo, avec son histoire, avec toutes ses Personnalités qui vont nous faire aimer la Sardaigne année après année. La passion que l’on ressent aussitôt pour ce pays que nous avons commencé à découvrir, pour ses traditions et pour la Spéléo bien sûr. La spéléo, le monde du dessous qui fait chanter le monde du dessus à chaque rencontre, pour chaque occasion au coin d’une rue, au plus profond d’un canyon ou d’une grotte.
A la fin de ce mois d’aout 79 nous savons déjà que ne pas revenir serait une folie… nous avons fait notre la devise de Jan Carlo « en Sardaigne il y a beaucoup de Grottes... ».

Pâques 1980, passage au Club à Nuoro, quelques chansons accompagnées à la guitare et au Saxo, un petit verre de vino (mais plusieurs fois…) et avec les encouragements nous partons à Urzulei et retrouvons Teletotes.

Le torrent est méconnaissable il a gagné en vigueur, l’eau descend bien plus en aval, la nature a repris toute sa vigueur. Une autre version du Codula, la présence de cette grotte inconnue s’impose encore plus. L’eau du torrent disparait en de petits tourbillons qui laissent imaginer le vide pas très loin en dessous. Alors on se concentre sur les zones autour des points d’absorbation, les avis sont partagés, rive gauche, rive droite ?? Pour moi, plutôt  rive droite, c’est le géologue qui parle. Les jours se succèdent  mais rien …elle est là  mais peut être inaccessible… oui  pourquoi pas inaccessible… pas de grande entrée... reste le miracle de l’étroiture qui fera traverser le miroir.

Il reste quelques jours alors c’est décidé on va y aller buisson par buisson, talus par talus, et on laisse tomber les pseudos évidences. On garde l’option rive droite (en plus c’est plus facile), on part du camp (c’est plus facile aussi) et on se reparti sur le flanc du canyon à quatre ou cinq pas trop éloignés les uns des autres.

Fallait-il être persuadés pour faire cela, mais qu’avait-on à risquer sinon revenir des années en Sardaigne… heureuse perspective de toute façon.

Maintenant vous savez... nous sommes à plusieurs kilomètres de la mer et tout près du camp (un comble). Je me trouve devant un petit affleurement, je passe au-dessus ou en dessous? Va pour en dessous, je fais quelques  mètres, un buisson me gêne, j’avance à quatre pattes et m’arrête devant une  petite cavité pénétrable, je m’y glisse, elle vire rapidement à gauche, tiens ça ne s’arrête pas tout de suite... je ressors j’appelle mon collègue Jean Jacques qui est tout près au dessus. Il y a un petit courant d’air et nous y retournons avec le cœur qui bat.

Nous arrivons au sommet d’une diaclase que l’on peut descendre, puis arrivons au ressaut qui donne accès a la première salle qui se laisse deviner car on ne voit que du noir. Ca nous dépasse, quel bonheur, mais on ne sait pas encore que c’est Su Palu puisque elle n’existe pas…

En tout cas un bonheur comme ça se partage, on ressort vite annoncer la nouvelle au camp.       .

On y  retourne avec tout le monde et pour beaucoup ce sera, en plus, une première fois en grotte ! Nous descendons dans les blocs de cette première salle, pour nous immense déjà, puis le bruit de l’eau vive, que nous venions de quitter  à l’extérieur. Nous suivons le ruisseau, le conduit se rétrécit et nous frappons le plafond pour qu’il se relève, mais pas assez fort : l’eau continue son chemin dans une chatière.  On ne forcera pas le destin aujourd’hui et toute l’équipe ressort (pas mal pour ceux qui n’avaient jamais mis le casque dans une grotte).

Et maintenant le baptême...assis devant l’entrée nous regardons la carte d’état major et la vallée…le vallon en face de nous….Baccu Su Palu, ça ne peut être autrement…cette nouvelle grotte s’appellera SU PALU.

Il nous reste peu de temps nous referons une exploration de la première salle, une topo, puis restons perplexes devant la chatière qui décidera de ce que deviendra SU PALU. Nous, nous « décidons » qu’il n aura pas d’eau en Août.

En Août, (c est bien la chatière qui décidera et pas nous) allongé dans l’eau toujours là, je l’entends qui continue son chemin devant….ça doit passer …ça passe….ce n’est pas fini….SU PALU ça commence.

Emerveillés par une grotte de plus en plus belle, de plus en plus complète : des salles, des galeries, de l’eau, des concrétions, des affluents qui nous font remonter dans les blocs de granit sous le lit du Codula, du silence et le bruit de la chute d’eau,  puis l’arrivée au lac, puis une autre rivière qui se jette dans le lac,  et enfin des suites possibles. Une vraie leçon de choses pour un géologue spéléo. Un paradis pour les amoureux de la nature, il y en a pour tout le monde. Même des signes de vie, j’ai bien vu une anguille dans le lac (ou alors c’était quoi ?). Elle était là avant nous, mais en passant par l’eau et par quel chemin? 

Pendant cette exploration, avec mon ami Francis, l’émerveillement était tel que nous avancions lentement, lentement... quelques mètres  puis nous nous asseyions sur un bloc pour bien graver ces images en nous et pour que Su Palu ne s’arrête pas trop vite. C’est la Sardaigne coté Soleil qui commence aussi pour nous avec nos amis du Gruppo, d’Urzulei, de Dorgali,  d’Oliena, d’Orgosolo ….

Alors merci à tous ceux qui ont participé à cette aventure puis à ceux connus et inconnus qui ont fait que  SU PALU  arrive à la  Grande Bleue.

Si vous rencontrez l’anguille …… 

Claude   (sous influence télépathique de Jean-Jacques, Francis, Bruno et bien d autres...)

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